Aujourd’hui, journée d’immersion dans le village de Lompoul. Il s’agit du village d’Aliou, notre chauffeur.
Nous quittons le camp à pied. En chemin, nous longeons des plantations maraîchères, notamment des champs d’oignons, puis des alignements d’eucalyptus. Ceux-ci ne sont pas ici par hasard. Ils font partie de la stratégie de lutte contre la désertification, mise en œuvre depuis de nombreuses années. Cette plante originaire d’Australie permet de ralentir l’avancée du désert et de rendre cultivables des terres qui ne l’étaient plus. Nous verrons demain la pépinière qui joue un rôle essentiel dans ce reboisement. Aliou nous expliqueras aussi comment son père a joué un rôle important dans la mise en place de cette pépinière. Pour plus d’informations sur cette question, un article intéressant ici.
Arrivé au village, traditions obligent, nous nous séparons. Les femmes d’un côté prépareront un Tiep Bou Dien (au poisson donc, dont nous laisserons profiter les autres convives!)
Les hommes iront aux champs, avec Aliou, qui est ici chez lui
Comme au village pilote, cette expérience me fait prendre conscience à quel point les techniques de pompage solaire de plus en plus accessibles révolutionnent l’agriculture dans ces régions. Plusieurs organisations sont possibles. A Lompoul une pompe commune permet d’alimenter des cuves réparties sur les différents champs environnants. Puis un arrosage manuel se fait à partir des cuves. A l’inverse certains agriculteurs ont leur propre installation. A les voir faire, je me pose des questions sur les effets indésirables de cette pratique. Il parait clair que le fait d’avoir de l’eau en quantité apparemment illimitée à un coût modique (une fois l’installation en place) incite à ne pas l’économiser et semble entrainer un certain gaspillage. Dans le cas de l’arrosage semi-manuel on voit les efforts faits pour tirer le meilleur partie de l’eau disponible (arrosage par en dessous, réalisation d’alvéoles autour des pieds pour éviter la déperdition d’eau. Rien de tout ça avec l’arrosage direct.
Quelles seront les conséquences sur les nappes phréatiques déjà soumises à rude épreuve avec les sécheresses à répétition, si ces pratiques se généralisent ? Quelles conséquences également sur la salinisation des sols, problème sérieux dans la région et susceptible d’être aggravés par des techniques d’irrigation de ce type ?
Nous nous retrouvons pour déjeuner, au sein de la communauté Jigéen Jambaar. Cette association dont le nom signifie « Femmes fortes » en Wolof, aide les femmes à faire que leurs activités passent progressivement du stade de moyen de survie à celui d’entreprise solide et viable, et ainsi les rendre plus autonomes. Cela passe par de nombreuses activités, pour en savoir plus, beaucoup d’infomations sont disponibles sur le site de l’association.
Dans toute aventure, il y a un coup de cœur. Un moment où les astres s’alignent et tu as les étoiles pleins les yeux. Notre rencontre avec Jigéen Jàmbaar, cette folle odyssée dans laquelle Odette a réussi à embarquer femmes et familles, fait partie de ces moments étoilés qui ne se racontent pas mais qu’il faut vivre.
Il faut savoir que tout au long de notre voyage au Sénégal, nous avons rencontré des personnes résilientes, courageuses. Mais en arrivant à Jigéen Jàmbaar, je suis fascinée par la force, la résistance de toutes ces femmes de Lompoul qui relèvent leur pagne jusqu’au genou, foulent le sable chaud du désert telles des forteresses.
C’est dans un vent d’humanité que nous tournons le dos à Fama, Aïssata, Coura, Mame Fatou, Marie, Atta, Rokhaya, Ndeye Amy, toutes ces femmes qui font vivre la Maison Jigéen Jàmbaar au quotidien.
Nous nous retrouvons donc dans la concession de l’association. Après le marché effectué au village la préparation du repas est maintenant bien avancée.
Encore quelques minutes et nous nous retrouvons tous autour de ce repas convivial. Il y a là des femmes du villages des volontaires étrangers, et notamment Odette fondatrice de l’association, des hommes venus aider pour la construction d’une nouvelle case dans la concession. Tout le monde collabore gaiement dans une ambiance détendue.
C’est malheureusement déjà l’heure de nous quitter. Après de longs au revoir, nous reprenons la route. Nous ferons une partie du chemin en charrette tirée par un cheval.
De retour au camp, nous prenons notre repas dans la tente commune et profitons du ciel étoilé avant d’aller nous coucher.